Je suis allée visiter Tartu, seconde ville estonienne située à 180 kilomètres au sud-est de Tallinn, il y a déjà quelques semaines. Mais entre temps il y a eu la trève de fin d'année : enchaînement de rendus, exams, au-revoir, stop-express à Paris, dîners de Noël et autres bons moments bretons.
Tartu - Comme nous rejoignions des amis qui avaient visité la ville la veille, nous n'avons pas commencé notre tour de la ville par l'inévitable Old Town, mais par l'Aparaaditehas, une ancienne zone industrielle rénovée et transformée en lieu culturel, musée et restaurant. Ce lieu ressemble étrangement à Telliskivi (quartier de Tallinn dans l'arrondissement Põhja-Tallinn) et effectivement nous avons appris que le gérant est le même. À l'intérieur, une librairie, véritable caverne d'Ali Baba, où les livres d'occasion s'empilent du sol au plafond.


Dans ce lieu culturel, se trouve aussi l'Estonian Printing and Paper Museum. Ce musée est un grand atelier d'impression typographique. C'est aussi une résidence d'artistes et un lieu qui accueille des étudiants. Nous avons pu voir fonctionner le plus ancien modèle de presse typo (et même l'essayer pour certains d'entre nous). Grâce à mes cours de typo, j'avais déjà entendu parler de toutes ces techniques, mais j'étais ravie de voir ces machines fonctionner en vrai, et de toucher les caractères d'imprimerie en bois. Censés être des caractères grotesques, je trouve que le travail de ces sculptures de bois est d'une finesse remarquable !


En sortant, nous sommes tout prêt de Pauluse kirik, l'Église Saint Paul. Grand bâtiment de brique, rigide et un peu austère, cette église luthérienne est assez surprenante à l'intérieur : très vide, et à peine décorée. Au sous-sol, il y a une deuxième église, dans une salle très moderne.
Nous voici enfin dans l'Old Town, en commençant par Raekoja plats, la place de l’Hôtel de ville. Il n'y a pas de marché de Noël, mais un espace aménagé, entouré de sapins et parsemé de copeaux de bois, idéal pour déguster un vin chaud et une gaufre en épi de blé sur des balançoires, le temps de se réchauffer par ces températures négatives. Les journées sont tellement courtes, qu'on passe des lumières matinales rosées, aux couleurs du soir bleutées, sans jamais voir le soleil totalement au-dessus de notre tête. Nous nous baladons au bord de Emajõgi, la rivière qui traverse la ville. Les rives sont gelées, mais les nombreux canards n'hésitent pas à se jeter à l'eau.


En entrant à nouveau dans l'Old Town, nous découvrons Jaani kirik, l'Église luthérienne Saint Jean, durant les répétitions d'une chorale : les chants résonnent contre les murs de brique. Sur Toomemägi, une colline qui surplombe la ville, se trouve la Cathédrale de Tartu, en ruine. Seule une petite partie a été entièrement rénovée, pour abriter entre autre un musée. Nous avons visité cet endroit fantomatique à la tombée de la nuit. Les hautes colonnes encore en place dirigent notre regard jusqu'à une réplique presque parfaite du plafond magique de la Grande Salle de Poudlard. En redescendant, nous tombons à nouveau sur l'Hôtel de ville, cette fois tout éclairé, pour un effet "magie de Noël" saisissant. Les charrettes déguisées en traîneaux promènent inlassablement les touristes, les chevaux ont l'air un peu fatigué. Je trouve ça un peu triste, en les voyant par la fenêtre du restaurant Ruuni où je suis installée au chaud, à la tombée de la nuit. La décoration est typique, tout en bois et je mange une délicieuse pizza aux giroles : après trois mois en Estonie, il était temps que je mange des champignons cueillis dans les bois !



Une journée à Tartu est suffisante pour se faire un bon aperçu de la ville, mais j'ai adoré cette ville et je souhaite y retourner pour visiter plus de choses, notamment le jardin botanique et les musées d'art. Jusqu'à maintenant, chaque fois que je découvrais une nouvelle ville, c'était également une nouvelle culture. À Tartu j'ai eu cette sensation un peu étrange, d'être perdue dans un lieu inconnu, mais avec tout de même quelques repères dus aux ressemblances et à la culture commune Estonienne.